Emmaüs La Halte Saint Jean
Nous souhaitons réagir sur ce qu’il se passe dans la communauté Emmaüs La Halte Saint Jean, près de Lille, visée par une enquête pour travail dissimulé et traite d’êtres humains, et surtout essayer de donner quelques éléments de compréhension. Tout d’abord, dans les communautés Emmaüs, les compagnes et compagnons ne sont pas salariés.es. C’était une […]
Nous souhaitons réagir sur ce qu’il se passe dans la communauté Emmaüs La Halte Saint Jean, près de Lille, visée par une enquête pour travail dissimulé et traite d’êtres humains, et surtout essayer de donner quelques éléments de compréhension.
Tout d’abord, dans les communautés Emmaüs, les compagnes et compagnons ne sont pas salariés.es. C’était une volonté de l’Abbé Pierre. Iels perçoivent une indemnité communautaire de 360 € et sont nourris.es et logés.es gratuitement. Les frais de santé, de loisirs, de déplacements sont pris en charge en tout ou partie la communauté qui cotise à l’Urssaf.
Les compagnons.es sont accueillis.es de manière inconditionnelle, quelle que soit leur situation administrative. Depuis 2018, après 3 ans de communauté, les compagnons.es peuvent demander à être régularisés.es avec le soutien de la communauté, mais la décision reste soumise au « pouvoir discrétionnaire » du Préfet.
Depuis 2007, les communautés bénéficient du statut OACAS (Organisme d’accueil Communautaire et d’Activités Solidaires).
Cependant, cinq communautés du Nord (dont la communauté citée) ont toujours refusé de signer le statut OACAS et se sont érigées en contre-modèle face au statut porté par la fédération Emmaus France. Cette forme de résistance à tout statut mène aujourd’hui à des dérives dénoncées à juste titre par les compagnons.es en grève.
Les structures de la branche économie et insertion d’Emmaüs (comme Emmaüs Mundo) ne sont pas des communautés, nous sommes soumis au droit du travail. Toutes les personnes qui travaillent sont salariées et comme tout.es les salarié.es bénéficient d’un contrat, d’une fiche de paye, cotisent, ont des représentants.es du personnel et participent même parfois à la gouvernance de la structure (comme c’est le cas à Emmaüs Mundo).
En revanche, ces structures n’ont pas le droit de proposer un contrat de travail à un.e exilé.e sans papiers et lui proposer un parcours d’insertion. Ce serait pourtant un formidable levier d’intégration…
Les dérives dénoncées par les compagnons.es de la Halte Saint Jean, si elles sont confirmées par l’audit demandé par Emmaüs France et par la Justice, sont insupportables et inexcusables. Emmaüs France a bien fait de demander la mise à l’écart de la responsable (qui peut cependant n’être décidé que par l’association locale).
En priorité, les compagnons.es doivent être protégés.es et accueillis.es dans une autre communauté qui respecte les règles de la vie en communauté Emmaüs (il y en a plus de 110 en France !)
Notre slogan « ne pas subir, toujours agir » doit s’appliquer en priorité aux compagnes, compagnons, salarié.es en insertion et personnes accueillies des groupes Emmaüs. La dignité ne se négocie pas et les pouvoirs publics doivent tout faire pour permettre aux compagnons.es Emmaüs d’être régularisés.
Ci-joint un article assez clair sur la situation par 20 minutes.